A lui seul, le sous-titre résume le contenu de l’étude où l’auteur dresse avec précision un état de la réponse institutionnelle française à la menace terroriste et islamiste. Le lecteur qui est aussi citoyen peut rapidement en conclure que bien des victimes auraient été évitées si depuis des décennies, les décideurs politiques avaient analysé la menace avec plus de réalisme. S’ils l’avaient moins sous-estimée au nom de présupposés idéologiques et faute de courage politique. Car notre faiblesse fait la force des islamistes.
L’analyse se divise en quatre parties. La première partie décrit le danger djihadiste en définissant les terroristes de l’Etat islamique, les cibles en Occident pour s’attacher plus précisément à Al-Qaîda et au salafisme, armée de réserve du djihadisme. La seconde partie évoque le rôle de prévention des services de renseignement, du ministère de l’Intérieur, du ministère des Armées et des autres ministères : la Justice, l’Economie et les Finances. L’auteur montre surtout les difficultés de la coordination et de l’échange des informations entre les services. La troisième indique les efforts réalisés afin de parvenir à une meilleure sécurité au quotidien. En renforçant les moyens mis à disposition des forces de l’ordre, par l’état d’urgence et la loi anti-terroriste sans oublier l’opération intérieure Sentinelle autant de mesures qui n’ont pas empêché nombre de failles dans la sécurité. La dernière partie s’attache au fonctionnement ou plutôt aux disfonctionnements de la justice pour s’achever sur la neutralisation des terroristes français à l’étranger.
La conclusion rappelle la lutte globale de la France contre le terrorisme islamiste, insiste sur l’échec de la politique de déradicalisation et l’évolution des groupes terroristes. Comme beaucoup, il souligne que la destruction de l’Etat islamique ne mettra pas fin au défi islamiste qui n’est autre qu’un refus, une contestation de nos sociétés marquées par l’absence d’idéal, le consumérisme, individualisme et le relativisme des valeurs. Un défi d’un islam à l’offensive. Et de mentionner la prochaine libération de prison de radicalisés. Tout un contexte qui pousse à la militarisation des forces de l’ordre. Il note la faiblesse du rôle de l’Education nationale et aurait pu associer à son échec une tentative de reprise en main de la jeunesse par l’instauration d’un service national universel.
Un petit livre décapant réalisé par un jeune enseignant, en poste à Haguenau, ville militaire s’il en est avec deux emprises : le 2e régiment de Hussards et le 54e régiment de transmissions. Spécialiste de la guerre d’Algérie, il a écrit sur les conflits en cours en Afrique auxquels participent les armées françaises.
Gregor Mathias, La stratégie française de lutte contre le terrorisme islamiste. L’état des lieux de trois ans de lutte anti-terroriste (lien vers éditeur), Balland, 2018, 196 p.
Martine Cuttier